Extrait du chapitre 1 de l’ouvrage suivant : Bernard Sionneau, Carlos Rabasso et Fco. Javier Rabasso, Le management responsable : approche critique et transculturelle, Paris : ed. ellipses, gestion, 2017, pp.37-54.
Les choix théoriques et méthodologiques proposés pour déployer cette « Mondiologie[1] », sont contenus dans le texte qui suit.
Philosophie politique : à l’examen des faits, et sur le très long terme, il apparaît clairement que l’Humanité possède une spécificité. Elle seule est, en effet, capable, en tant qu’espèce, d’organiser sa propre autodestruction de deux façons : par l’exercice de la violence destructrice illimitée (organisée ou spontanée) sous diverses formes qui est une constante de l’Histoire Universelle ; et, par l’anéantissement de son environnement naturel. La conception et la prolifération d’armes de destruction massive (nucléaire, biologique, chimique), l’utilisation d’armes de terrain toujours plus dévastatrices, ainsi que le déploiement planétaire de formes de création de valeur à partir de la prédation industrielle de toutes les ressources naturelles exploitables, contribuent déjà à la matérialisation de ces deux possibilités. A la lecture de ces données, il apparaît donc, tout aussi clairement, que l’Homme n’est pas « naturellement bon » ; si l’Homme était « bon », cela se saurait ; et notre planète,après avoir survécu à différents âges difficiles de gestation, et nonobstant la survenue d’accidents extra-atmosphériques, serait un« Paradis ». Dans la mesure où malgré des siècles d’innovation dans tous les domaines de la science et de la technique ou dans ceux de l’organisation politique et économique des sociétés humaines, ce n’est pas le cas, il importe de faire de cette réalité le fondement de toute analyse consacrée à la volonté de comprendre notre monde. La « Mondiologie » s’intéressera alors en priorité aux phénomènes qui, dans les sociétés humaines, contribuent à une « expression institutionnelle de la malfaisance » ;ce dernier concept sera compris, ici, de façon très simple, comme « l’étude des élites, de leurs interactions et de leurs dispositifs politiques, économiques et sociaux contribuant à la mise en œuvre et à la légitimation de décisions contrevenant aux chartes universelles du 20ème siècle[2] et participant à la mise en danger du patrimoine naturel de l’Humanité». Ce faisant, parmi les objets d’étude de la« Mondiologie », seront privilégiés l’identification et l’examen des catégories de populations qui, à l’échelle du globe et de nos sociétés, ont la capacité de prendre et d’imposer des décisions qui servent leurs intérêts immédiats, tout en oubliant/refusant d’en envisager les conséquences sociétales les plus destructrices. Seront également inclus dans cette approche, l’étude de leurs décisions, interactions et dispositifs qui leur permettent de passer outre les intérêts et la volonté du plus grand nombre, ainsi que leurs conséquences sociétales.
Sociologie Politique[3] : au centre des préoccupations de la Mondiologie, l’étude du Pouvoir et des Pouvoirs (institutions, dynamiques et élites) dont les interactions et décisions impactent de façon létale la santé de la planète et des sociétés humaines. L’étude de ces impacts doit en effet nous permettre de saisir leur véritable étendue et, partant d’un diagnostic précis, de vérifier s’il existe (ou non) des contre-pouvoirs capables d’équilibrer l’influence de ces institutions et élites dominantes, en leur opposant discours et solutions permettant, aussi bien d’assurer le respect des droits humains fondamentaux, que celui de l’environnement naturel des Hommes. Au départ de cette réflexion sur le Pouvoir et les Pouvoirs du Monde :l’hypothèse en fonction de laquelle le pouvoir, en tant qu’élément de domination (Platon[4]) et de contrainte (Machiavel[5]),s’inscrit dans la dynamique comme « un effort pour contraindre, influencer[6] » et donc, dans l’interaction, elle-même conditionnée par une distribution inégale de ressources. Le caractère antagonique de cette relation,de même que la dénégation éventuelle du vouloir des dominés, sont illustrés parla définition donnée par Max Weber pour qui « le pouvoir (Macht) signifie toute chance de faire triompher, au sein d’une relation sociale sa propre volonté, même contre des résistances ; peu importe sur quoi repose cette chance »[7].
Dans l’appréhension du phénomène, le conflit d’intérêt « actuel et observable », occupe une place de choix comme chez Robert Dahl(1957, 1961, 1969)[8] ou Nelson Polsby (1963)[9] qui se concentrent sur les acteurs (ainsi que leur comportement) parvenant à imposer leurs vues et solutions dans un processus de négociation ; ou chez Peter Bachrach et Morton Baratz (1963)[10] qui choisissent de traiter, non seulement des participants au processus de décision politique, mais également de ceux qui en sont exclus, révélant ainsi les biais formulés à l’encontre de certains groupes et la suppression de leur participation et revendications, de l’agenda politique des autorités ; ou, encore, chez Steven Lukes (1982)[11] pour lequel les décideurs fonctionnent dans un univers institutionnel et normatif où prédomine, la plupart du temps, une idéologie politique reflétant la nature des relations économiques et sociales à une époque. En d’autres termes, une posture idéologique sert les intérêts d’un groupe dominant et peut être considérée comme un élément fondamental de leur pouvoir. Par le contrôle de l’information et des mass media, mais aussi par les processus de socialisation opérant dès le plus jeune âge, se déploie alors la forme suprême de Pouvoir. Celle-ci parvient à modeler les attentes ou les désirs des individus, de telle sorte qu’il n’existe plus de conflit, mais, comme le dirait Pierre Bourdieu « un consensus fabriqué par violence symbolique »[12].
La problématique des « élites » complète,presque « naturellement[13] »,notre réflexion sur le pouvoir, et peut être utilement confrontée aux différents éclairages historiques proposés par les spécialistes de cette thématique, tout en évitant d’en intégrer les choix politiques. Cette problématique s’inscrit dans une vision «réaliste » souvent pessimiste et parfois « cynique » de l’action politique, en fonction de laquelle, dans toute société, l’inégalité est plutôt la règle que l’exception, et, la démocratie, souvent une illusion, voire une mystification. Pour les« élitistes », partout est toujours, le pouvoir est exercé par une minorité restreinte qui s’impose aux masses, un postulat de base qui leur fait souvent réduire l’histoire des sociétés à la lutte des élites pour le pouvoir. Ainsi, pour un Vilfredo Pareto(1917)[14],fervent partisan du libéralisme économique et adversaire du socialisme, malgré la division des sociétés en classes, celles-ci ne sont pas séparées, et de même qu’il existe une circulation entre ces différentes classes, il existe une circulation entre la classe des « élites gouvernementales » et la classes de « l’élite non gouvernementale », assurant ainsi le renouvellement de la première – la mobilité sociale constituant, par là même,le meilleur antidote contre les révolutions. Pour le conservateur Gaetano Mosca(1896)[15], c’est à une minorité organisée, véritable « classe dirigeante politique » (il préfère cette expression plus neutre à celle d’ « élites ») une classe qui est, soit,« ouverte » (démocratique) ou « fermée » (aristocratique) -qu’il revient d’exercer le pouvoir, faisant remarquer que ce ne sont pas les peuples qui choisissent les élus, mais la classe dirigeante qui fait élire ses députés. Pour le socialiste révolutionnaire Robert Michels[16] (1914), gouvernements ou partis, quelle que soit leur couleur politique, sont avant tout des organisations dont les principales tendances sont la bureaucratisation et la « loi d’airain de l’oligarchie »,redevable, pour la seconde, autant à la tendance des chefs à vouloir perpétuer et renforcer leur autorité, qu’à l’inertie des masses, toujours prêtes à abandonner volontairement leur sort à une minorité de spécialistes. Terminons ce panorama des apports à une réflexion sur les « élites » avec les œuvres, plus proches dans le temps. Le sociologue radical, Charles Wright Mills (1956)[17],identifie ainsi, aux Etats-Unis, une élite restreinte (« national upper class ») qui s’apparente à une « oligarchie non élue »prenant les décisions capitales auxquelles ne sont pas associés les citoyens ; trois groupes constituent cette élite sans toutefois former une classe sociale parfaitement unie ; ses membres occupent le sommet des institutions politique, économique et militaire, naviguant de façon très fluide entre ces trois univers formant ainsi le sommet d’un « triangle du pouvoir », dominant de leur hauteur la strate intermédiaire des leaders de groupes d’intérêts, des législateurs et des politiciens locaux et la strate inférieure, composée des « gens ordinaires » et constituant la base de ce triangle. Mills, partisan d’un changement social est convaincu que la pensée critique constitue un moyen essentiel d’accès à la connaissance qui en permettra la survenue, et à la création d’une véritable « imagination sociologique[18] ».
Derniers apports de la sociologie politique à notre mise en œuvre d’une démarche« mondiologique », ceux d’Antonio Gramsci et de Noam Chomsky. L’apport de Gramsci (1926-1937[19]),premier secrétaire général du Parti Communiste italien, c’est l’idée quel’organisation de la culture est « organiquement »liée au pouvoir dominant : «Avec tout groupe social, qui naît sur le terrain originaire d’une fonction essentielle dans le monde de la production économique, se crée, en même temps,de façon organique, une ou plusieurs couches d’intellectuels qui lui apportent homogénéité et conscience de sa propre fonction, non seulement dans le domaine économique, mais également dans le domaine social et politique [20]».Gramsci appelle ainsi les entrepreneurs capitalistes, les techniciens d’industrie ou les savants en économie politique, des « intellectuels organiques », parce qu’ils sont les organisateurs d’une culture nouvelle, d’un droit nouveau irriguant la société civile (l’une des deux composantes de la superstructure, l’autre étant la société politique). Quant à Noam Chomsky[21],l’un des animateurs de la « NewLeft [22]» aux Etats-Unis, il dressera, en 1969, un réquisitoire, contre ceux qu’il appelle les «nouveaux mandarins » une caste de « technologues » proches du pouvoir, une intelligentsia, composée d’intellectuels de toutes catégories : mathématiciens,ingénieurs, économistes, sociologues, experts en relations internationales[23]et science politique, journalistes, etc. qui justifient l’expansionnisme impérial des Etats-Unis contenu dans sa politique étrangère[24].
Relations Internationales[25] : ce champ disciplinaire très large[26]constitue le troisième apport majeur à la formation des « mondiologues » dont l’existence est appelée de ses vœux par le sociologue Edgard Morin[27].De fait, en ce début de troisième millénaire, les enseignements classiques dispensés en Economie, Gestion ou Finance, n’intègrent toujours pas, dans leurs cursus, de préparation à la lecture d’un environnement international non réductible aux seules dimensions du marché. L’« Economicisme[28] », dont les principales déclinaisons théoriques ont réduit l’activité humaine à des choix individuels et des calculs de maximisation avec pour seul objectif l’accumulation de capital par « l’homo œconomicus[29] », est alors (et reste) incapable de faire le lien entre la mondialisation, les fractures nationales et planétaires (externalités négatives) et d’en concevoir les conséquences sociétales en termes de « risques pour les pays » et de « risques de système ».
C’est donc pour mettre à la disposition des citoyens des clés de lecture pour comprendre leur Monde et pour compléter la formation des futurs ou actuels managers – trop souvent nourris de macro ou de micro-économie, de théories ou de techniques financières, mais sevrés de Relations Internationales – que cette contribution à la Mondiologie a été conçue. Elle fait la part belle au courant de la Sociologie des Relations Internationales, porté en France par l’œuvre de Marcel Merle dans les années 1970[30]et qui n’a pas pris une ride. Elle intègre également les travaux de nombreux auteurs français[31]: économistes atypiques (car attachés à l’étude des réalités contemporaines[32]),géographes, sociologues, ou spécialistes des relations internationales, dont les écrits ont marqué la production scientifique des années 1990[33].Réalisés dans le courant de cette décennie particulièrement productive en France, les travaux de Bertrand Badie et Marie-Claude Smouts[34],ceux de Zaki Laïdi[35],de Philippe Moreau-Defarges[36],de Michel Beaud[37],d’Olivier Dollfus[38],de Marie-Françoise Durand, Jacques Lévy et Denis Retaillé[39] et ceux de François Chesnais[40],partagent deux points communs : tout d’abord, celui de se féconder mutuellement; la plupart des auteurs, malgré parfois une appartenance à des disciplines différentes, font référence à leurs travaux respectifs qui se complètent; ensuite, celui d’avoir fourni, déjà à cette époque, un nombre significatif de clés d’analyse qui nous paraissent essentielles, non seulement pour faire évoluer la formation à la lecture de notre « monde mondialisé », mais aussi pour en évaluer, tant les opportunités, que les risques opérationnels et sociétaux induits. La « Systémique »est aussi un choix commun fait par les auteurs dont nous avons mobilisé les contributions pour dire le Monde : elle répond à leur volonté de saisir une réalité mondiale qu’ils conçoivent comme un ensemble hiérarchisé, dont les principaux éléments (facteurs et acteurs) sont en position d’interdépendance et ne peuvent être isolés les uns des autres; elle répond également à leur souhait(complémentaire) de dépasser les lectures unidimensionnelles et disciplinaires et de choisir l’inter- ou la pluridisciplinarité[41],afin de pouvoir replacer chaque problème (crises, krachs, etc.) dans cet ensemble. La systémique revendiquée par ces auteurs ambitionne donc d’articuler le tout et ses parties, le global et le particulier en un aller-retour incessant; simple métaphore pour certains, elle représente, pour d’autres, un moyen de construire des outils de pensée capables de lier entre eux les savoirs spécialisés.
[1] Le terme est issu d’une citation de l’écrivain argentin Ernesto Sabato (1911-2011) : « Il nous faut des mondiologues », citation faite par Edgard Morin au début d’un ouvrage co-écrit avec Anne-Brigitte Kern, Terre Patrie, Paris : Seuil, 1993, p. 7.
[2] UNO Universal Declaration of Human Rights, ILO Declaration of Fundamental Principles and Rights at Work, Stockholm, Rio, Johannesburg Declarations and Agenda 21.
[3] Nos travaux s’inscrivent dans une problématique générale de la Sociologie Politique, entendue comme « Science du Pouvoir». La question centrale autour de laquelle la démarche de recherche s’organise est la suivante : Qui gouverne vraiment? Des questions complémentaires viennent en éclairer la portée : Qui a la capacité de prendre des décisions dont les effets affectent de façon parfois irréversible les organisations sociales qui en sont la source et le contexte ? Quels sont les enjeux et les intérêts identifiables, à l’origine de ces décisions ? Quelles sont les conséquences de ces décisions (en termes de sécurité, de prospérité) pour les pays, les sociétés, mais aussi pour la planète ?
[4] La République, l’une des œuvres de Platon (424-347 av. J.-C) sous forme de dialogues, est souvent citée comme la première œuvre de philosophie politique grecque et la première philosophie politique des élites.
[5] Parmi les textes incontournables de Machiavel, on lira avec profit : « De Pincipatibus, (Le Prince) », « Discours sur la Première Décade de Tite-Live », et « De Re Militari (L’Art de la Guerre) », in Machiavel : Œuvres Complètes, Paris : Bibliothèque de la Pléiade: nrf Gallimard, 1952.
[6] « La Science Politique » in Madeleine Grawitz, Méthodes des Sciences Sociales, Paris : Dalloz, 10ème édition, 1996, p. 258.
[7] Cité in Philippe Braud, “Du pouvoir en général au pouvoir politique”, in Madeleine Grawitz et Jean Leca, Traité de Science Politique, Tome 1 : La science politique science sociale, L’ordre Politique, Paris, Presses Universitaires de France (PUF), 1985, Max Weber, Economie et Société, Paris : Plon, t. I, p. 56. , cité in Philippe Braud, op. cit., p. 336.
[8] Robert Dahl, “The concept of power”, Systems Research and Behavioral Science, Volume 2, Issue 3, 1957, pp. 201–215; Robert Dahl, Who Governs, New Haven: Yale University Press, 1961; Robert Dahl, “Power” in International Encyclopedia of the Social Sciences, New York: The Free Press, 1969.
[9] Nelson W. Polsby, Community, Power and Political Theory, New Haven: Yale University Press, 1963.
[10] Peter Bachrach, Morton Baratz, “Decisions and non-decisions: an analytical framework”, American Political Science Review, 57, 1963, p. 632.
[11] Steven Lukes, Power. A radical View, London: The Mac Millan Press, 1982.
[12] Ibid.
[13] Comme l’écrivait Jean Touchard, « Les méditations sur la décadence s’accompagnent souvent d’une réflexion sur les élites », in Histoire des Idées Politiques : T2 – Du XVIIIème siècle à nos jours, Presses Universitaires de France, 7ème édition, 4ème trimestre 1975, p. 819. Pour un panorama complet, cf. William Genyes, Sociologie des Elites, Paris : Armand Colin, 2011.
[14] Vilfredo Pareto, Traité de Sociologie Générale, Paris-Genève : Librairie Droz, 1re édition, 1917. Né à Paris en 1848 et mort à Céligny (Genève) en 1923, Pareto succéda à Léon Walras dans la chaire d’Économie politique de l’Université de Lausanne. Dans cette Université, il enseigna aussi la sociologie et la science politique, http://classiques.uqac.ca/classiques/pareto_wilfredo/traite_socio_generale/traite_socio_gen.html .
[15] Gaetano Mosca, Elementi di Scienza Politica, Rome : Bocca, 1896 ; ce livre a été traduit en anglais sous le titre suivant : The Ruling Class, New-York : Mc Graw-Hill, 1939.
[16] Robert Michels, Les partis politiques – Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, trad. Française., Paris : Flammarion, 1914.
[17] Charles Wright Mills, The Power Elite, New York, Oxford: U.P., 1956; Première édition française sous le titre L’Élite du Pouvoir, Paris : François Maspero 1969.
[18] Charles Wright Mills, The Sociological Imagination, New York: Oxford Univ. Press, 1959.
[19] Il écrira ses « Cahiers de Prison » (Quaderni del carcere) entre 1926 et 1937. Cf. Antonio Gramsci, Quaderni del carcere, édition établie par Valentino Gerratana, Turin, Einaudi, 1975 et pour une édition française, Cahiers de prison, nrf Gallimard, Bibliothèque de Philosophie, traduit de l’italien par F. Bouillot et G. Granel, avant-propos, notices et notes de Robert Paris, 1990.
[20] Attilio Monasta, « L’intellectuel organique selon Gramsci », http://agora.qc.ca/documents/intellectuellintellectuel_organique_selon_gramsci_par_attilio_monasta (accès au 03/06.2016.
[21] Noam Chomsky, « The responsibility of intellectuals », The New York Review of Books, 23 Feb 1967, http://www.nybooks.com/articles/1967/02/23/a-special-supplement-the-responsibility-of-intelle/ (accès au 03/06/2016), propos repris dans American Power and The New Mandarins, New York: Pantheon Books, 1969.
[22] Pour comprendre ce que fut la New Left et la façon dont elle fut utilisée par les réseaux conservateurs et néo-conservateurs pour transformer la vision du monde et des politiques publiques des principaux milieux dirigeants aux Etats-Unis, cf. Bernard Sionneau, « Contre-culture, Néoconservatisme et Nouvelle Droite Bis », in La construction du conservatisme moderne aux Etats-Unis », Paris : L’Harmattan, 2012, pp. 74-89,
[23] Sur la question,cf. Michel Dusclaud et Bernard Sionneau, « Théories américaines des relations internationales: Aux origines des controverses et des paradigmes fondateurs, Revue d’Histoire Diplomatique,2012 (4), p. 373-413, http://pedone.info/rhd/2012-4/04-Dusclaud.html
[24] Pour une illustration de cette thèse, cf. Colin S. Gray, « What Rand has wrought », Foreign Policy n°4, Fall 1971et Allen S. Whiting, « The Scholar and the Policy-Maker », World Politics, vol. XXIV, Spring 1972.
[25] Pour une présentation des grands paradigmes de la discipline, on peut lire Michel Dusclaud et Bernard Sionneau, op.cit.
[26] Lorsque l’on confronte la production française et la production américaine, trois remarques s’imposent : tout d’abord, la recherche française en relations internationales est fortement marquée par une approche juridique et institutionnelle; ensuite, à l’inverse de la démarche américaine, peu d’auteurs français parmi les fondateurs tentent le pari de la théorisation; enfin, jusqu’au début des années 1980, un certain nombre d’auteurs choisit de développer une interprétation marxiste du milieu international. On peut essayer de répertorier les principaux axes de recherche retenus par les fondateurs sous les intitulés suivants (tout en précisant que les problématiques retenues par les auteurs inscrits sous une même rubrique peuvent être différentes) : les approches sociologiques des relations internationales avec Raymond Aron et Marcel Merle ; les approches juridiques et institutionnelles avec Claude- Albert Colliard , Paul Reuter et Jean Combacau ; les approches empirico-descriptives avec Charles Zorgbibe et Philippe Moreau-Defarges ; les approches historiques avec Pierre Renouvin et Jean-Baptiste Duroselle ; et pour finir, les approches marxistes avec Pierre-François Gonidec, Robert Charvin et Albert Marouani. Cf. Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, Paris : Calmann-Lévy, 8ème édition, 1984 (1ère édition, 1962), Marcel Merle, Sociologie des relations internationales, Paris : Dalloz, 4ème édition, 1988 (1ère édition, 1974). Claude-Albert Colliard, Institutions des relations internationales, Paris : Dalloz, 9ème éditions, 1990 (1ère édition, 1960). Paul Reuter et Jean Combacau, Institutions et relations internationales, Paris : Thémis, Presses Universitaires de France, 4ème édition, 1988 (1ère édition, 1980). Charles Zorgbibe, Les relations internationales, Paris : Thémis, Presses Universitaires de France, 3ème édition, 1983 (1ère édition, 1975). Philippe Moreau-Defarges, Les relations internationales dans le monde d’aujourd’hui, Paris : Editions STH, 4ème édition, 1992 (1ère édition, 1981). Pierre Renouvin, Jean-Baptiste Duroselle, Introduction à l’histoire des relations internationales, Paris : Armand Colin, 4ème édition, 1991, Jean Baptiste Duroselle, Tout empire périra : théorie des relations internationales, Armand Colin, 1992 (1ère édition, 1981). Pierre-François Gonidec, Robert Charvin, Relations Internationales, Paris : Précis Domat, Montchrestien, 1981; Robert Charvin, Albert Marouani, Les relations internationales des Etats socialistes, Paris : Thémis, Presses Universitaires de France, 1981.
[27] Le terme est de l’écrivain argentin Ernesto Sabato cité par Edgar Morin. Cf. la note n°9.
[28] Guy Roustang, « L’imaginaire économiciste et la question du sens », Nouvelle revue de psychosociologie 2/ 2006 (no 2), p. 33-45, http://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-de-psychosociologie-2006-2-page-33.htm (accès au 04/06/2016).
[29] Cf. Josette Combes. « Pour en finir avec l’économicisme, une autre rationalité économique », Xèmes Rencontres du RIUESS, Luxembourg 2, 3, 4 juin 2010, http://base.socioeco.org/docs/_index99.pdf .
[30] Marcel Merle, Sociologie des relations internationales, Dalloz, 4ème édition, Paris, 1988 (1ère édition, 1974); Merle Marcel., Les acteurs dans les relations internationales, Economica, Paris, 1986; Marcel Merle, Forces et Enjeux des relations internationales, Paris : Economica, 2ème éd., 1985; Marcel Merle, « L’international sans territoire? » in Bertrand Badie et Marie-Claude Smouts, « L’International sans Territoire », Cultures & Conflits, Paris : L’Harmattan, septembre 1996.
[31] Nous avons présenté les travaux de tous ces auteurs dans l’ouvrage numérique suivant : Bernard Sionneau, Relations internationales pour les managers. L’apport français des années 1990, avec une préface de Christian Dargnat, Directeur Général de BNPP Asset Management, Chicoutimi, Québec: Les Classiques des sciences sociales, 2014, 187pp. http://classiques.uqac.ca/contemporains/sionneau_bernard/Relations_internationales_managers/relations.html .
[32] Michel Beaud et Gilles Dostaller précisent : « Dans le domaine de la science économique, « […] Les quarante dernières années ont été marquées par une prolifération démesurée de travaux théoriques formalisés sur les marchés, les équilibres, les choix et les stratégies. L’étude des réalités économiques contemporaines est désormais considérée comme une activité de deuxième rang, rattachée à la précédente par quelques passerelles », in La Pensée Economique Depuis Keynes, Paris : Seuil, 1993, pp. 205-210.
[33] Pour une présentation des travaux de ces auteurs, cf. Bernard Sionneau, Relations Internationales pour les Managers, Chicoutimi, Ca : Les Classiques des Sciences Sociales, 2014, http://classiques.uqac.ca/contemporains/sionneau_bernard/Relations_internationales_managers/relations.html, (accès au 04/06/2016).
[34] Bertrand Badie et Marie-Claude Smouts, « L’International sans Territoire », Cultures & Conflits, L’Harmattan, septembre 1996; Bertrand Badie et Marie-Claude Smouts, Le retournement du monde, Paris : Presses de la FNSP, Dalloz, p.1992.
[35] Zaki Laïdi « Sens et puissance dans le système international », in Zaki Laïdi (sous la direction de), L’ordre mondial relâché, Paris : Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 2ème édition, 1993; Zaki Laïdi, Un monde privé de sens, Paris : Fayard, 1994; Zaki Laïdi « Après les guerres, la mêlée généralisée », Le Monde Diplomatique, Janvier 1996, p.20.
[36] Philippe Moreau-Defarges La Mondialisation : Vers la fin des frontières?, Paris : Dunod, 1993; Philippe Moreau-Defarges, L’ordre mondial, Paris : A. Colin, Paris, 1998.
[37] Michel Beaud, « A partir de l’économie mondiale : esquisse d’une analyse du système-monde », in Jacques Bidet et Jacques Texier (sous la direction de), Le nouveau système du monde, Paris : Presses Universitaires de France, 1994; Michel Beaud, Le basculement du monde, Paris : La Découverte, 1997.
[38] Olivier Dollfus, « Le monde est un chaos qui se déchiffre », Affiches de la géographie, « La géographie : situer, évaluer, modéliser ». Grands colloques de prospective, Ministère de la Recherche et de la Technologie, Novembre 1990; Olivier Dollfus, L’Espace Monde, Paris : Economica, 1994; Dollfus Olivier, La nouvelle carte du monde, Paris : Presses Universitaires de France, 1995.
[39] Marie-Françoise Durand, Jacques Levy, Denis Retaillé, Le monde : espaces et systèmes, Paris : Presses de la FNSP, Dalloz, 1992. Pour un complément d’analyse, on lira également, Denis Retaillé., « L’impératif territorial », in Bertrand Badie et Marie-Claude Smouts, « L’International sans territoire », Cultures et Conflits n°21-22, Printemps/Eté 1996, p.21-40; Levy J., « Espaces-monde, mode d’emploi », in Jacques Bidet et Jacques Texier (sous la direction de), Le nouveau système du monde, Paris : Presses Universitaires de France, 1994.
[40] François Chesnais, La mondialisation du capital, Paris : Syros, 2ème édition augmentée, 1997.
[41] Une précision, faite ici par Jean Piaget, sur le sens des termes « inter, pluri et trans- disciplinarité » peut être utile: la recherche pluridisciplinaire implique la collaboration de plusieurs sciences, chacune conservant sa spécificité; la recherche transdisciplinaire, qui se situe à un niveau d’abstraction élevé, utilise des théories et des concepts communs à toutes les sciences sociales; la recherche interdisciplinaire, implique confrontation, échange de méthodes, concepts et points de vue, in Madeleine Grawitz, Méthode des sciences sociales, 10ème édition, Paris : Dalloz, 1996, p.305.
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